Une histoire de photos, d’hormones et de peridurale
Une histoire de photos, d’hormones et de peridurale

Une histoire de photos, d’hormones et de peridurale

Une histoire de photos, d’hormones et de peridurale

Il y a quelques temps, lors d’un échange de messages avec ma meilleure amie, celle-ci m’informe que des connaissances communes ont donné naissance et me partage leurs photos de présentation de bébé.

Pour chacune y voit le couple, en salle de naissance de maternité, leur nouveau-né dans les bras.

Jusque-là rien d’étonnant. Et pourtant ces photos m’interpellent…

Je vais vous expliquer pourquoi, mais d’abord revenons un peu sur une partie du processus physiologique de la naissance.

Naissance et hormones


Depuis maintenant 7 ans, j’accompagne les naissances à domicile ou en maison de naissance. Dans ces espaces, les femmes enfantent sous leur propre autorité hormonale, c’est à dire qu’il ne leur est injecté aucun analgésique ni aucune hormone de synthèse pour stimuler les contractions pendant l’accouchement.

C’est donc leur corps, plus précisément leur système hormonal qui sécrète à la fois l’hormone responsable de l’apparition des contractions, l’ocytocine, et celles prévues pour supporter les douleurs naturelles de l’enfantement, les endorphines. L’une ne va pas sans les autres, ainsi tout est prévu pour que la femme puisse accueillir les contractions qui feront naître son bébé.


L’ocytocine l’hormone de l’amour

Ça fait toujours un peu pompeux de revenir sur l’étymologie d’un mot, mais là ça mérite de s’y attarder : du grec ocy = rapide et Tocine = accouchement ! C’est beau non ?

Serait-ce donc là la clé d’une naissance optimale ? En tout cas c’est elle qui permet à l’utérus de se contracter, pour faire naitre le bébé et son placenta, puis pour qu’il reprenne sa taille normale. Son action est donc puissante ! Et son rôle ne s’arrête pas à l’enfantement. L’ocytocine est également responsable de l’éjection du lait en cas d’allaitement et de comportements de lien, d’amour, de plaisir, d’orgasme, de maternage (liste non exhaustive). Dans un prochain article je vous parlerai de comment faire pour favoriser sa production.


Les endorphines

Face aux douleurs qui surviennent lors de l’enfantement (le col qui se dilate, les mouvements, étirements dans le bassin…)  le corps va sécréter de l’endorphine.
Regardons ce que nous en dit wikipédia : « Les endorphines sont sécrétées par le complexe hypotalamo-hypophysaire chez les vertébrés lors d’activité physique intense, excitation, douleur et orgasme.(…) Comme les opiacés, et en particulier la morphine (d’où leur nom), elles ont une capacité analgésique et procurent une sensation de bien-être voire d’euphorie ».  Là encore associées à cette hormone les notions d’orgasme, de bien être, d’euphorie. Je trouve ça fascinant !

Les visages de la naissance

Mais bon, probablement vous demandez-vous quel est le rapport de ce petit cours de biochimie de la naissance avec les photos du début de l’histoire ?


Et bien en voyant ces images, j’étais capable de dire que les naissances avaient eu lieu sous péridurale.
En effet, on y voit le couple encore en salle de naissance (ce qui signifie que la naissance date de maximum 3h) et le visage de la mère est juste normal, vous la croiseriez dans la rue que vous ne pourriez pas vous douter qu’elle a enfanté il y a tout juste quelques heures. Elles sont belles, coiffées, à peine si leur maquillage a un peu coulé.

Et pour cause, quand on donne naissance avec une péridurale, ce cocktail hormonal d’ocytocine et d’endorphines (il y a aussi des catécholamines volontairement non abordées ici) est fortement inhibé.

Une femme qui vient de donner naissance sous sa propre autorité hormonale, a le visage bouffi, les joues rouges, les pupilles dilatées, tout son visage indique qu’elle a eu à ouvrir en grand son corps, sa psyché, son cœur pour aller chercher son bébé. Si vous la croisez dans la rue dans cet état-là vous vous diriez qu’elle a pris sacré shoot, ou qu’elle revient d’une folle nuit d’amour !
Et ce sont des visages comme ceux-ci que je vois au quotidien dans ma pratique en maison de naissance.

Si je vous raconte tout ça, ce n’est pas pour vanter un processus par rapport à l’autre, encore moins pour les opposer.

C’est pour informer, casser cette idée que donner naissance sans péridurale ce n’est que douleur et sacrifice ! Alors à quoi bon en 2021 s’infliger encore ça ?

Et bien parce que cela est faux ! Le corps a prévu tout un arsenal hormonal pour permettre à la femme de supporter la naissance et pour ensuite favoriser l’attachement au bébé, pour tomber en amour avec lui ! Et c’est si précieux, à l’orée d’une vie chamboulée par l’arrivée d’un petit être, à la dépendance si forte, de se sentir puissante et amoureuse de son bébé.


Si vous souhaitez une naissance naturelle, si vous osez espérer le faire sans péridurale, croyez-y !

Informez-vous, préparez-vous, vous pouvez le faire !


Dans un prochain article, je vous parlerai de comment favoriser un cocktail hormonal optimal pour et pendant l’enfantement.